[Mission] Une simple mission médicale qui tourne mal [PARTIE 1 - 2/2]

_ Vous êtes sûre qu'on ne va pas tomber sur une tribu de cannibales ?

Très drôle !

_ Rassurez-vous, les gens que nous allons voir sont omnivores comme nous et le cannibalisme est également considéré comme une atrocité pour leur moeurs.

Quand il suggéra de couper par le bois, la jeune femme leva les yeux au ciel :

_ Combien de fois vais-je devoir vous répéter qu'il n'y a aucun danger, Bray ? Cette planète est minuscule et ne présente pas grand intérêt pour les races que nous combattons. Elle doit même être ignorée de leurs cartes. Alors laissez vos trucs de militaire de coté. C'est moi qui dirige cette expédition et je décide que nous emprunterons le chemin.

Joignant le geste à la parole, elle s'y engagea d'un bon pas. Sachant très bien qu'elle allait avoir droit à un interrogatoire, elle jugea préférable de prendre les devants :

_ Alors, est-ce que vous aviez prévu quelque chose pour cet après-midi ?

Tout en conversant, elle regardait autour d'elle. L'atmosphère était très humide. Elle regretta de ne pas avoir apporter une veste supplémentaire. On pouvait facilement attraper froid sous ces bois. Heureusement, d'après ses renseignements, le village ne se trouvait qu'à trois ou quatre kilomètres de marche. Avec un bavard comme le Sergent-Anderson, ils seraient parcourus en un rien de temps.

Embêter les infirmières, c'est sûr qu'il savait bien faire. Elle tombait presque toutes sous le charme du militaire. Bon, c'est vrai qu'il avait un physique plutôt agréable mais ce n'était pas le genre de Jennifer qui privilégiait les hommes qui en avaient dans le crâne aux apollons un peu simplets (et vlan ! )
Quand il lui demanda si elle n'était pas déçue que "le chef", sous entendu pour lui le Major Grant, ne l'ait pas accompagné plutôt que lui, elle ne vit pas du tout où il voulait en venir. Elle fronça les sourcils en signe d'incompréhension et répondit vaguement sans relever son allusion :

_ Il devait être occupé.

[...]

Deux kilomètres et vingt-trois questions indiscrètes plus loin,

_ Vous voulez faire une pause ? Je sais que j'ai trop chargé le sac que vous tenez. C'est juste que j'aime avoir tout sous la main. Je n'aime pas être prise au dépourvu. C'est comme ça.

Bray avait l'air vraiment très tendu. Une déformation professionnelle sans doute. Il n'y avait rien à craindre de cette forêt. Elle était paisible et silencieuse.

_ C'est quand même étrange qu'aucun villageois n'ait été à la Porte pour nous accueillir. Je crois qu'ils étaient sensés savoir que l'on venait et le Docteur Fraiser avait noté dans ses dossiers qu'ils étaient particulièrement heureux de la voir à chaque visite.

(HJ : Mon canard, on dit "Elle ne perdait rien pour attendre", pas "partait" Ca veut rien dire ^^ Mais c'est mignon.)

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Sa remarque concernant l'absence d'accueil à la Porte avait apparemment grandement perturbé le militaire qui l'avait obligée par la force à quitter le sentier. Hors de celui-ci, la végétation était dense et il leur serait plus difficile d'avancer. En plus, il fallait surveiller où ils mettaient les pieds. Elle trouvait cette mesure complètement ridicule et ne se gêna pas pour le faire remarquer.

_ Mais enfin Bray soyez sérieux ! S'il y avait le moindre risque, le SG-C aurait envoyé toute une équipe. J'ai pratiquement pu venir ici toute seule alors c'est que cette planète est classée totalement sûre et... AH !

La jeune femme venait de prendre un retour de branche en pleine tête, le Sergent-Chef n'ayant pas eu le temps de la retenir. Déstabilisée, elle glissa sur le sol boueux et tomba sur les fesses. Son oreillette en profita pour sauter dans les fougères avoisinnantes sans que sa propriétaire ne s'en rende compte. Elle pataugea un instant et s'aida d'un rocher pour se relever. Le poids de son sac à dos chargé de matériel médical ne lui facilita pas la tache.
Après s'être un peu chamaillé, ils se remirent en route. Toujours aucune trace de danger potentiel. Le militaire prenait son devoir bien trop au sérieux.

[...]

Ce chemin pas dégagé du tout ralentissait considérablement leur allure. Ils marchèrent un kilomètre en mettant presque le double de temps. Le village ne devait pas être bien loin. D'ailleurs, on commençait à entendre le bruit de l'eau qui s'écoule droit devant. Les documents de Fraiser précisait bien que les villages étaient construits dans les clairières qui se formaient autour de noeuds de rivières. Ils devaient toucher au but.

_ Il faudrait redescendre sur le chemin maintenant. Nous en sommes tellement loin que je ne le vois même plus à traers les arbres. Ce qui est sûr c'est que nous sommes beaucoup plus haut, on va finir par arriver au bord d'une falaise ou en tous cas, un précipice et croyez-moi, il est hors de question que je saute. Je ne suis pas du tout à l'aise lorsqu'il s'agit de hauteurs. On peut même dire que... Bray ? Est-ce que vous m'écoutez ?

Et voilà qu'elle était obligée de se cacher dans une forêt déserte ! Non mais vraiment... Jennifer se dit qu'il faudra qu'elle fait mener une étude psychologique sur le Sergent-Chef Anderson. Sa paranoïa devenait inquiétante... Mais enfin, s'il y avait eu un problème au village on aurait entendu des cris et des explosions, non ?
De toutes manières, il ne lui laissa pas le temps de protester. Il la força à s'accroupir entre les racines non-accueillantes d'un arbre centenaire, derrière une plante qui devait correspondre à la fougère terrienne. Et elle attendit en silence. Elle attendit... Elle attendit... Bon, mais qu'est-ce qu'il faisait ?
Quand il reparut enfin, elle remarqua que son gilet et son pantalon étaient couverts de boue devant. Apparemment, il avait rampé sur le sol. Quand il avança sa main sale vers sa joue pour venir toucher son oreille droite, elle fronça les sourcils et recula. Qu'est-ce que c'était que ça ? Un plan drague ?
C'est avec un sang-froid incroyable et avec même une légère touche d'humour qu'il lui apprit ce qui se passait de l'autre coté de la petite colline.
La jeune femme resta plusieurs secondes sans réagir, s'attendant presque à ce qu'il éclate de rire et lui dise qu'il plaisantait, que la voie était libre. Il ne le fit pas. Au contraire, l'expression de son visage devint de plus en plus grave.

_ Oh mon Dieu... murmura-t-elle en plaquant sa main devant sa bouche.

Motivées par cette peur soudaine, elle sentit des larmes lui monter aux yeux.

_ Vous voulez dire qu'on ne peut pas appeler le SG-C ?

Alors ils étaient perdus ? Jennifer se mit à frissonner.

Jennifer n'était pas stupide. Elle avait bien compris la situation critique dans laquelle ils se trouvaient. L'oreillette avait signifié leur présence et les Jaffas voudraient mettre la main sur eux. Ce n'était pas pour rien que le militaire suggérait de ne pas emprunter le même chemin pour revenir sur leurs pas. Ils allaient commencer leurs recherches à partir de là où ils avaient trouvé le petit appareil et ils tomberaient forcément sur eux. Le plus intelligent à faire était de s'en éloigner le plus possible.
Malheureusement, son esprit d'analyse tira aussi une autre conclusion : ils allaient aussi monter la garde devant la Porte à présent. Etait-ce vraiment utile de s'en rendre ? N'y avait-il pas une meilleure façon d'utiliser les trois heures pendant lesquelles ils devraient attendre les secours ?
La jeune femme s'arrêta et se retourna vivement vers Bray qui faillit lui rentrer dedans.

_ Où sont les habitants du village ?

Le militaire ignora sa question et voulut la pousser en avant mais elle résista :

_ Est-ce qu'ils sont déjà... morts ?

Sa gorge se serra et elle retint un hoquet.

_ Nous pourrions peut-être aller voir. Il se peut que quelqu'un ait besoin de soins. On ne peut pas les laisser comme ça. C'est pour eux que nous sommes venus après tout.

Voyant que Bray allait protester, elle s'exclama un peu trop fort peut-être :

_ Nous n'avons aucune chance de franchir la Porte de toutes façons !

Bon, pas de blessés. C'était déjà ça. Le Sergent-Chef n'avait certes pas envie de rester dans le secteur mais il ne lui aurait pas menti. Il avait eu l'occasion de le faire déjà et il avait préféré jouer franc jeu. Elle n'avait donc aucune raison de mettre sa parole en doute maintenant.

_ Je vous rappelle que vous m'avez incité à me débarrasser de mes munitions.

Hey oh, ça n'allait pas être de sa faute maintenant, si ?! Bon, un peu c'est vrai... Mais euh...

_De votre coté, j'imagine sans peine que ce qui doit ressembler de plus près à une arme dans vos affaires se résume à un malheureux scalpel et à une aiguille pour seringue.

Il avait mis dans le mile ! En même temps, il disait ça parce qu'il ne l'avait jamais vu avec un fusil. Le désastre assuré ! Mieux valait qu'elle se contente de son scalpel. Si elle ne pouvait pas blesser l'ennemi avec, elle ne pourrait pas non plus blesser ses camarades par erreur. Oui, elle avait une grande foi en ses capacités de combat...

_ Bon... Je suppose que vous avez raison.

La jeune femme se conssentit à se remettre en route.
Dans cette direction, la forêt devenait plus profonde et dense. Pendant sa marche, elle ne cessait de penser à ses amis d'Atlantis. Elle se répétait, tout en sachant que c'était faux, que si ça c'était passé dans la Galaxie de Pégase, Sheppard, Ronon et McKay auraient déjà débarqué pour venir la tirer de ce mauvais pas. Mais elle n'était plus sur Atlantis, elle était au SG-C et qui avait-elle là-bas ? Il n'y avait qu'un seul nom qui lui venait à l'esprit : Richard Grant. C'était le militaire le plus compétent qu'elle avait rencontré sur la base. Pourvu qu'il arrive vite avec une équipe compétente...
Mon Dieu, ce qu'il faisait froid ici ! Son diagnostic de médecin était clair : s'ils restaient trois plombes dans cette jungle, ils allaient tomber en hypothermie...

Mais pourquoi est-ce qu'il lui parlait encore du Major ?! Est-ce que Bray pensait que sa vie lui importait tant que ça ? Est-ce que c'était vrai ? Jennifer ne comprenait rien du tout.
Son esprit chassa bien vite cette incompréhension de son esprit pour laisser place à la réticence vis à vis du plan que le militaire avait élaboré pour elle.

_ Non non non, attendez Bray. Je vous assure que je suis totalement incapable de faire ça !

Elle paniquait complètement mais il ne l'écoutait pas du tout, trop occupé à construire sa corde en lianes.

_ Bray... Bray ! Je ne vais pas y arriver. Il m'arrive même d'avoir peur en haut d'un escalier trop abrupt alors là... il n'y a même pas de marches ! Ne me forcez pas à faire ça. Je vais tomber. L'entrée de la grotte est trop loin... Je...

De grosses larmes de désespoir roulèrent sur ses joues blanches un peu terreuses et elle étouffa un sanglot.
Son compagnon revint et lui passa d'autorité la corde autour de la taille pour la nouer à plusieurs reprises avant de lui souhaiter bon courage. Elle vit très distinctement dans ses yeux qu'il avait fini de discuter de ça avec elle. Quoi qu'elle dise ou qu'elle tente de faire pour essayer de s'y soustraire, il la forcerait à descendre. Elle déglutit et s'agenouilla au bord du précipice. En fait, la paroi n'était pas totalement verticale mais un peu inclinée vers l'avant, ce qui allait quand même faciliter la tache. De plus, elle était garnie de différentes prises.

Jugeant préférable s'occuper pendant la descente autrement qu'en songeant au fleuve qui rugissait en contrebas, elle dit d'une voix tremblante de peur et de froid :

_ Savez-vous ce qu'est l'hypothermie, Bray ? D'après moi, on va en arriver à ce stade alors il faut que je vous l'explique. On parle d'hypothermie lorsque la température du corps humain, fixée à 37°C, passe en dessous de la barre des 35°C. C'est pour simplifier parce qu'en vérité, il y a différents stades d'hypothermie. Bref ! L'idée qui vient à tout le monde dans ces cas c'est de procéder à des frictions pour réchauffer le corps. Hé bien... AH ! (Son pied avait dérapé) Hé bien il faut que vous vous souveniez que c'est une très mauvaise idée parce que ça ne fait qu'abaisser encore plus la température du corps. La seule chose qui pourrait... Aïe ! (Elle venait de se cogner le genou contre la roche) La seule chose qui pourrait améliorer la situation est un apport de température passif. C'est-à-dire que vous pouvez tenir quelqu'un victime d'hypothermie dans votre bras pour la réchauffer mais surtout pas la frictionner.

Piouf... Elle devait bien en être aux trois quarts de la descente. Elle précédait vraiment très doucement mais ça la sécurisait. N'empêche, elle ne se serait jamais cru capable de faire une chose pareille. Elle était assez fière d'elle. Malheureusement, son regard glissa vers ses pieds et elle aperçut le fleuve en dessous.

_ Oh non, mon Dieu !

Elle inspirait et expirait bruyamment pour reprendre le contrôle d'elle-même. Autant continuer sa petite leçon, ça avait bien marché jusque là :

_ Dans toute hypothermie, il y a un risque d'arrêt cardio-ventilatoire. L'armée vous a enseigné la réanimation cardio-pulmonaire, n'est-ce pas ? Je vous dis tout ça parce que j'ai toujours été de faible constitution alors... Vous risquez d'avoir besoin de la pratiquer.

Le militaire la laissait monologuer, comprenant sans doute que ça la calmait. En revanche, pas sûr que ce qu'elle lui disait le calme lui. Hum... Surement pas à la réflexion.
Soudain, elle ne trouva plus de prises pour ses pieds. L'entrée de la grotte.

_ Faîtes-moi descendre doucement, c'est là !

Elle ferma les yeux pendant les secondes qui suivirent. Enfin, ses pieds tombèrent sur une horizontale.

_ Ca y est !