Kelly s'était levée de très bon humeur aujourd'hui. Sa matinée allait être consacrée à une formation pour pouvoir participer aux missions diplomatiques à travers la fameuse Porte des Étoiles.
Elle sortit au lit au son du réveil et fila sous la douche. Plusieurs millilitres de gel douche et de shampooing plus tard, nous le retrouvons dans le salon, vautrée sur son canapé à regarder les informations du matin, son chat Sally sur les genoux, un mug de café plein à ras bord dans sa main. La porte d'entrée sonna, chassant le matou froussard. Kelly posa ce qui encombrait encore ses mains sur la table basse en chêne massif presque impossible à déplacer et trottina jusqu'à la porte dans ses pantoufles en peluche, chantonnant gaiement le jingle d'une publicité qu'elle venait jamais d'entendre. Un livreur lui apportait un colis en provenance de Chicago, et pour le savoir elle n'avait même pas besoin de regarder l'emballage. Depuis son divorce, sa mère avait pris l'habitude de lui envoyer des choses (des bibelots, de la nourriture...) comme si elle craignait que sa fille adorée se laisse mourir de faim. Peuh ! Quitter ce crétin de Mike avait été la meilleure décision de sa vie. Pourquoi est-ce que Marie-Anne McKluskee ne voulait pas l'entendre ? Evidemment, elle avait trouvé le moyen - dans sa charité chrétienne - de rester bonne amie avec lui, au grand damn de Kelly et se faisait un devoir de lui raconter les nouvelles de son coté.
Kelly remercia le livreur souriant pour une fois et ferma la porte. En passant dans le couloir, le téléphone mural sonne. Elle le décrocha et le coinça entre son épaule et son oreille le temps de décharger le carton sur un des plans de travail de sa cuisine. C'était son frère jumeau au bout du combiné :
_ Salut Kelly, c'est Cameron.
_ Cameron ! Comment vas-tu ?
_ Très bien ma belle. Mon travail va m'emmener vers chez toi la semaine prochaine...
_ Tu m'invitera à déjeuner !
_ Oui, c'est vrai ? Tu ne sera pas trop occupée ?
_ Mais non voyons. Je m'arrangerai.
_ Parfait.
_ Je dois te laisser Cameron. je vais être en retard à la base.
_ En retard ? Mais tu ne travailles pas ce matin.
_ C'est vrai mais là c'est pour une form... ation. Bref ! Je te rappelle !
Kelly sentait qu'elle ne devait pas poursuivre sur ce terrain-là. Son jumeau sentit qu'il y avait quelque chose de pas net là-dessous mais accepta de la laisser s'en tirer pour cette fois. Il la cuisinerait pendant leur déjeuner la semaine suivante... si elle n'oubliait pas de la rappeler comme toujours.
Après avoir raccroché, notre psychologue courut jusqu'à se chambre pour trouver de quoi s'habiller. Elle opta pour des blue jeans taille basse et un col roulé en cachemire blanc. Elle se sécha au mieux les cheveux en analysant les imperfections de son visage dans la glace pour les dissimuler ensuite sous une fine couche de maquillage invisible, trottina jusqu'au placard à chaussures aussi grand que cinq frigos américains mis cote à cote et choisir une paire de baskets de ville. Elle attrapa son manteau, son écharpe, son sac à main et ses ses de voiture et fila en claquant la porte et en souhaite une bonne journée à Sally miaulant de mécontentement sur le seuil parce que sa tête en l'air de maîtresse avait oublié de lui faire son petit-déjeuner aujourd'hui.
[...]
Son gros 4x4 entra en trombe sur le parking réservé aux civils travaillant dans la base. Tous ceux qui la connaissaient s'accordaient à dire qu'elle conduisait bien trop vite et en plus très mal. Elle dut s'y reprendre à trois fois pour entrer dans une place de stationnement, ce qui arracha un sourire au militaire chargé de surveiller l'endroit. Il perdit son sourire en voyant qui descendait du véhicule : ' Kelly McKluskee, une saloperie de psy qu'on avait envoyé uniquement pour emmerder les gens qui faisaient leur boulot '. C'était ce qu'elle avait entendu dire en tous cas. Sympa l'accueil !
Sans se préoccuper de lui, elle entra dans la base, passa les barrages de sécurité en montrant plusieurs fois sa carte pass et arriva enfin dans les couloirs du SG-C. Bien sur, aucune indication sur les murs. Heureusement, on lui avait remis un petit papier la veille avec le parcours à suivre pur arriver jusqu'à la salle d'arme et le nom du militaire qui allait avoir la joie incommensurable d'être son instructeur. Secrètement, Kelly priait de toutes ses forces pour que ce soit pas un qu'elle ait déjà eu en consultation ni un qui ait déjà associé le nom de McKluskee avec son visage. Heureusement pour elle, le Ciel avait décidé d'être clément aujourd'hui et elle serait pour l'homme une parfaite inconnue.
Kelly se mit à trottiner jusqu'à la salle d'armes en suivant les instructions directionnelles sur son bout de papier. Elle n'était pas en retard mais elle n'aimait pas beaucoup marcher. Ses cheveux dorés voletaient souplement derrière elle. Lorsqu'elle poussa la bonne porte, elle découvrit un homme dans la salle totalement vide.
Armée d'un sourire très chaleureux, elle jeta un dernier coup d'oeil au nom de l'instructeur sur le papier et elle s'avança vers lui en tendant sa main :
_ Bonjour ! Vous devez être le Capitaine Willsdorff !