[ SGC - MIS2 ] C'est à boire ! A boire ! A boire !

Ouaiiiiis ! C'était jour de mission ! Jane allait passer la fameuse Porte des Étoiles pour la première fois depuis son arrivée au SG-C. Elle était si excitée qu'elle n'avait presque pas fermé l'oeil de la nuit.
A son lever, elle avait filé sous la douche pour passer dix minutes à rêvasser aux créatures extraterrestres qu'elle allait rencontrer de l'autre coté. Est-ce qu'ils auraient des antennes ? Des pieds palmés ? La peau verte ? L'avenir le lui dirait mais déjà, elle s'en faisait tout un film. Une fois sèche, elle enfila rapidement son treillis, noua solidement ses rangers, attacha ses longs cheveux en couette et quitta les quartiers pour prendre la direction de l'armurerie. Là-bas, elle déclara sur le registre tout ce qu'elle prit. Un holster avec un petit colt attaché sur sa cuisse, un zat -dont on lui avait montré l'utilisation curieuse le jour de son arrivée - sur l'autre. Un M4, son fusil préféré et heureusement le plus courant ici. Un gilet par balle ainsi qu'un gilet tactique qu'elle remplit de minitions et de deux grenades juste au cas où. Attrapant une radio au passage, elle sortit pour rejoindre la salle d'embarquement.

_ Bonjour Winchester ! s'exclama un militaire avec qui elle avait papoté la veille au réfectoire. Prête pour votre mission ? Je suppose que vous êtes excitée. Je l'étais aussi pour ma première. Bonne chance. Oh, vous avez vu les changements d'équipe ? J'ai su vous étiez passée de SG-4 à SG-3.

Heiiiiin ?! Oups ! C'était peut-être que disait la lettre déposée dans sa chambre avec le tampon officiel du SG-C, la lettre qu'elle avait oublié d'ouvrir avant d'aller dormir.

_ Oui, c'est la vie ! répondit Jane sans se départir de son sourire pour ne pas avoir l'air mal-renseignée.

Zut et zut ! Mais alors... SG-3 ? Ca voulait dire qu'elle n'était pas dans l'équipe de ce gentil capitaine français ? Pfff... C'était vraiment trop injuste ! Pourtant, elle aurait tant voulu travailler sous son commandement...
C'est le moral un peu en baisse que la jeune femme atteignit la salle d'embarquement. Mais, alors qu'elle relevait les yeux pour voir qui seraient ses nouveaux compagnons, son coeur fit un bond dans sa poitrine. Willsdorff était là ! Et le Lieutenant russe aussi ! Ouaiiis ! C'était Noël ou quoi ?!

_ Bonjour Capitaine ! Bonjour Svetlana ! s'écria-t-elle avec bonne humeur en s'approchant d'eux. Je ne sais pas si vous avez bien dormi, moi je n'y suis pas arrivée, mais je suis en pleine forme !

Plus question de minijupe en jean's, de chaussures à talons et de débardeur fashion, comme la dernière ofis qu'ils s'étaient vu en ville. Voir Jane en treillis avec tout le matériel du parfait petit GI avait quelque chose d'irréel. Son visage de poupée coincé en mode "sourire colgate" laissait vraiment dubitatif.
Il y avait d'autres personnes avec eux dans la salle d'embarquement, dont une jeune fille. A aucun moment Jane ne la soupçonna de faire partir de l'expédition. Ni d'être une extraterrestre, sinon elle l'aurait harcelée de questions.
La jeune femme se contenta de passer sagement la Porte derrière son chef. Elle arriva de l'autre coté à une vitesse impressionnante et avec une légère envie de vomir le petit-déjeuner qu'elle n'avait pas pris. Wow ! Les aliens avaient rassemblé un petit comité d'accueil. Heyyyyy ! On l'avait roulée ! Ils ressemblaient à des être humains ces aliens ! Où étaient les tentacules, le troisième oeil et tout ça ? Rah la la...

Sans se départir de son sourire lumineux, elle hocha la tête pour saluer Talim et l'assemblée lorsqu'elle entendit Jacques la présenter à eux.

Iris s'était avancée à la hauteur de Talim en regardant le peuple en liesse. Et le terme n'était pas trop fort. Ils avaient l'air vraiment ravis de la visite. La porte s'était "refermée" derrière eux, et cela avait semblé être un signal pour la fanfare qui avait cessé de jouer. Tant mieux. pour une raison qui échappait totalement à l'édorke, une majorité de peuples pensait que la fanfare était le moyen le plus sympathique d'accueillir un invité de marque. Pour elle, c'était plutôt le moyen le plus efficace de la faire fuir. ILs avaient l'air de s'être bien acclimaté à leur nouvel environnement, et c'était tant mieux. La jeune fille regarda autour d'elle Tout ceux qui étaient la semblaient sincèrement ravis de les voir.

- VOus avez l'air de bien vous plaire ici. Et de vous y être habitués!!

La reference au cadeau qu'ils avaient préparés alimenta la curiosité deja bien développée de l'adolescente et elle tourna vers le second extra terrestre principal un regard curieux, même si la bienscéance lui interdisait de poser des questions.Elle prefera changer de sujet avant de succomber.

- Le commerce marche donc si bien? je pensais que la menace des goa uds survivants avait refroidis les échanges par la porte ... avec qui commercez vous?

Elle suivait d'un pas alerte, la bonne humeur ambiante étant contagieuse.Et visiblement ça leur donnait soif. Iris regarda la gourde entamer son troisieme tour en se disant qu'a cette vitesse, si le contenu était pour quelque chose dans l'euphorie, ils seraient les seuls à ne pas risquer une migraine le lendemain matin .... L'alcool semblait fort ici ...

"Aller venez, nous avons beaucoup de choses à nous dire depuis que l'autre équipe est venue. Et nous avons un cadeau pour vous !" s'exclama Talim avec entrain.

Oh ouais, un cadeau extraterrestre ! Qu'est-ce que ça pouvait bien être ? Jane n'arrivait même pas à l'imaginer. Quoi qu'il en soit, elle aimait les cadeaux. Les surprises aussi.

"Il s'est passé de nombreuses rencontres depuis la dernière venue de vos amis. Depuis la défaite des Grands Maîtres, le marché par la Porte des Etoiles a explosé, vous devriez voir à quoi ressemble désormais notre camp de départ. Vous serez étonné" continua leur guide en les invitant à le suivre.

Etant donné que c'était la première fois que la jeune femme mettait un pied hors de sa planète, il pourrait bien lui montrer n'importe quoi, elle serait étonnée de toutes manières.
La fanfare s'était tu mais la bonne humeur était toujours de mise. En fait, ils étaient si enthousiastes qu'ils semblaient drogués. Ils souriaient, buvaient et trépignaient presque sur place.
Jane suivit docile le mouvement, un pas derrière son chef le Capitaine Willsdorf. La petite jeune fille qui était venue avec eux avait commencé à converser avec le chef du peuple alien. Bizarre. Elle semblait jeune. Et pas militaire du tout. Mais qui était-ce en fin de compte ?
Tout en avançant, elle faisait de petits signes de la main aux habitants qui la regardaient avec curiosité, parfois même une grimace amusante pour les faire rire.

Iris avait écouté la réponse de l’exilé en fronçant les sourcils. A sa connaissance, qui n’était cependant pas extraordinairement avancé dans le domaine il fallait l’avouer, les peuples pratiquant le commerce par la porte des étoiles étaient rarement beaucoup plus évolués que les terriens. C’est d’ailleurs pour ça qu’ils utilisaient la porte, alors que les grands marchands utilisaient des vaisseaux, plus pratiques pour transporter de grandes quantités de marchandises. D’ailleurs en y repensant, il n’avait pas parlé de la porte. Juste de nouveau commerçants et … elle ouvrit de grands yeux en voyant ce qu’était devenu le « camps de refugiés » C’était un village complet qui avait été bati en peu de temps, avec des maisons en dur et aux toits recouverts de matière minérale, ou pas d’ailleurs, mais on aurait dit des tuiles, des places, des rues, bref un village bien installé. Elle s’arrêta une seconde en regardant le paysage avant de reprendre la marche.

- C’est étonnant ce que vous avez réussi à faire avec leur aide. Il aurait fallut au moins une génération pour construire ça !

Elle se tourna vers Talim alors qu’il lui répondait, arguant de la sécurité que leur offrait leurs nouveaux alliés. Politiquement, c’était une mauvaise affaire pour la Terre. Certes, ils étaient traités en amis, mais l’étaient ils toujours en alliés ? Ces nouveaux amis seraient ils aussi ceux de la Tori ?

- IL est bon de penser que le commerce reprend dans la galaxie.

Elle n’en pensait pas moins et ses questions furent interrompue par l’arrivée dans un bâtiment sans doute important, ou avait été dressé un buffet. Un jour, elle tenterait de percer un autre mystère. En dehors de la musique, pourquoi fallait-il toujours manger ? a chaque fois qu’elle revenait de mission, elle avait l’impression d’avoir pris 10 kg. Et on avait beau être extra terrestre, on en était pas moins femme. Elle surveillait donc sa ligne. Ce qui ne l’empêchait nullement d’avancer en bonne diplomate en saluant les gens présents, qui étaient sans doute, vu leur présence, des notables.

Talim leur indique leurs places et elle s’installa, alors que ses camarades prenaient la leur, Willsdorff s’installant a coté du chef de village, posant la question qu’elle n’avait pas encore eu le temps de poser. La jeune fille porta son attention sur la réponse alors qu’on lui servait un verre de quelque chose et elle remercia distraitement la personne qui s’en était occupé, avant de regarder le contenu du verre en question. En espérant que ce n’était pas de l’alcool. D’abord parce qu’elle ne buvait pas, ensuite parce que c’était interdit à son âge La boisson avait un gout léger, sucré, fruité, ressemblant quelque peu au karkadé. La jeune femme avala une autre gorgée, cette fois plus sincère, en attendant la réponse à la question.

Jane marchait un pas derrière Jacques et écouta d'une oreille distraite la conversation qui se tenait devant. Les Goa'ulds ? Ah oui, les bêbêtes pas très gentilles qu'ils devaient décimer. Malgré les dossiers qu'on lui avait fait lire et les briefings, ce n'était pas facile de tout suivre.
La SEAL préféra arrêter de suivre pour se concentrer sur l'observation des lieux et des habitants qui les accompagnaient.

Quand le fameux "camp de refugiers" apparut devant eux, Jane fronça les sourcils. Il ressemblat presue à un petit village de campagne basique. Ignorant de quoi il avait l'air à la base, elle ne saisit pas tout à fait le pourquoi de l'enthusiasme de Talim.
Chouette, un banquet ! Cette premire mission se déroula très bien. Aucun problème d'aucune sorte en vue.
La jeune femme s'installa à coté de la petite Iris - à laquelle il faudrait qu'elle s'intéressait sérieusement d'ailleurs quand elle aurait cinq minutes - et desendit le verre qu'on lui remplit après avoir trinqué ave les autres. C'était fruité et sucré, tout ce qu'elle n'aimait pas. Son regard perplexe s'attarda sur les plats pour le moins curieux qui jonchaient la table.
Avisant un autochtone, elle lui demanda la curieuse avec un grand sourire joyeux aux lèvres :

_ S'il vous plaît, c'est quoi ça ?

Le "ça" désignait une mixture verte pas à l'air pas très appétissant....

Iris avait écouté avec attention ce que disait Talim tout en sirotant son verre. La boisson avait un gout agréable et donnait envie de n’en pas manquer. Cependant , son attention était dirigée vers la discussion à trois entamée avec le militaire et l’exilé. Un peuple sans nom, puissant, généreux, ca semblait quelque peu idyllique. Elle finit son verre en reflechissant pendant qu’on la resservait et qu’elle attaquait ce second passage sans même s’en rendre compte, l’air rêveur, un coude posé sur la table et le menton reposant dans la main.
C’était quelque peu idyllique et c’était surtout tentant. Comme si les déesses avaient envoyé de nouveaux enfants pour les protéger.

- Des dieux protecteurs….

Troisième verre qu’elle recommençait à siroter. Elle jeta un œil sur la boisson et reposa le récipient. - Après tout, qui savait combien il y avait de sucre la dedans ? – avant de reporter son attention sur les deux hommes.

- Comment voulez vous les honorer si vous ne les nommez pas ? les dieux ont besoin de savoir que leurs fidèles les aiment.

Pour Iris, la notion de dieux qu’une petite voix insidieuse et discrète avait tendance à faire avancer dans son esprit, était facile a assimiler. Son peuple, bien que technologiquement avancé, en était pétri. Elle-même était une fidèle de Frehdja. Il n’était donc pas difficile de croire que d’autres divinités pouvaient protéger d’autres planètes. La Tori avait bien commencé à la faire douter, de même que sa raison d’ailleurs, mais elle voulait y croire. Elle voulait croire que les choses ne se faisaient pas gratuitement, et qu’un grand dessein existait dans ce qui se passait.
Elle s’empara de sa chaise, de son verre, et déposa la chaise entre Willsdorff et Talim, de façon à former un triangle, sur laquelle elle s’assit a califourchon, ses avant bras se posant sur le dossier de la chaise, soutenant son menton, alors que ses yeux brillaient de curiosité. Sans aucun doute, si sa mère avait vu une telle conduite, elle se serait retrouvée punie pour le mois. Mais peu importait les bonnes manières après tout ! Elle avait une délicieuse impression de liberté. Comme si le carcan de son éducation bourgeoise coincée avait soudain décidé de s’ouvrir. La moitié du verre disparu, avalé doucement.

- Allez Talim !! Dites nous comment ces dieux sont arrivés et comment ils ont pu vous offrir tant de choses ! Comment sont-ils ? Quelle langue parlent-ils ?

L’edorke se tourna vers une femme qui passait avec une jarre et lui fit signe de la resservir, alors même que le verre n’était pas vide. On aurait presque dit un alcoolique qui aurait toujours une bouteille d’avance de peur que la précédente ne se retrouve vide. La femme s’exécuta avec un grand sourire et reparti servir d’autres convives. Iris se tourna vers le militaire français, en anglais bien sur, puisque c’est la langue universelle, avec son petit accent gazouillant d’édorke qui semblait ressortir davantage.

- Vous imaginez Willy – pas sur que le français apprécie, mais c’était plus sympa comme ça. Marre des convenances. – Si on pouvait les rencontrer, on pourrait faire tant de choses pour la Tori ! et pour Edorkin !!

C’était clair !! Des gens comme ça, presque des dieux, pourraient mettre un terme aux batailles qui couvaient ! Ils pourraient mettre dehors les goa’ulds si ça se trouve. Elle montra son verre d’un air amusé.

- Et ça je ne sais pas ce que c’est mais c’est bon. Ca se boit comme du petit lait. C’est fait avec quoi ?

A l'inverse des autres, Sarah-Jane n'avait rien écouté de ce qu'avait dit Talim. Mais alors rien du tout ! Elle avait beau avoir été attentive lors du briefing à son arrivée au SG-C sur les relations interplanétaires, il lui manquait encore trop d'informations pour espérer saisir de quoi il s'agissait ici. Ca viendrait avec l'expérience sans nul doute; Pour sa première mission, elle se contenterait de manger, de boire et, au besoin, d'ouvrir le feu sur les ennemis qu'ils pourraient rencontrer.
Cette mixture verte peu engageante avec un goût de poulet. Etrange... Enfin, au bout de son troisième verre de ce qui avait pour elle le goût d'un très bon cognac, ça lui sembla beaucoup moins bizarre. A vrai dire, ce n'était pas la seule chose qui était bizarre... En regardant Svetlana, elle avait envie de se lever, de faire le tour de la table, de lui sauter sur le dos et de lui proposer une sortie au pub dès qu'elles seraient rentrées sur Terre. Là comme ça, au milieu de cette ennuyeuse conversation de diplomatie à laquelle elle n'entendait pas grand chose. En regardant la petite Iris, elle avait envie de l'embarquer par le bras pour la tirer à l'écart et lui poser des tas de questions sur sa provenance. Et le pire de tout (pour Jane en tous cas), c'est qu'en voyant le Capitaine Willsdorff, elle avait envie de sauter dans ses bras pour lui faire un gros calin dans un élan enfantin. Oui, quelles étrangetés...
Il ne manquait pas beaucoup pour qu'elle se lève afin d'exécuter l'une de ses trois actions. Juste quelques gouttes de ce délicieux cognac peut-être. Comme s'il avait lu ses pensées, un autochtone arriva pour remplir généreusement son verre. Minute papillon ! Il n'y avait pas de l'alcool là-dedans au moins ? Il ne manquerait plus qu'elle soit trop ivre pour tenir son M4. Mais ce n'était pas le cas. Jane était parfaitement sobre. C'est juste qu'elle se sentait... immensément libre.
La militaire faillit s'étouffer en buvant de travers lorsqu'elle entendit Iris appeler le Capitaine "Willy". Demi-consternation et grande hilarité. La demoiselle se mit à tousser en se frappant doucement la poitrine.

Sarah-Jane n'écoutait toujours rien de ce que racontait Talim. Tout ça, c'était du charabia. En plus, il y avait une autre voix qui parlait dans sa tête maintenant. Elle lui murmurait des choses.
Seule la voix de son chef chéri réussit à la faire redescendre dans la réalité quelques secondes.

"Aucune idée, mais pour vous, ainsi que pour les autres ce sera à l'eau, compris ?!"

Il avait entre autres regardé Jane pour dire ça. Bon, alors c'était un ordre. Obéir aux ordres, c'était simple. Ça, la néo-zélandaise savait le faire. Elle posa donc son verre encore à moitié plein sur la table devant elle et se cala contre le dossier de sa chaise. Il lui fallut à peine une minute pour ressentir l'expression atroce du manque. La partie consciente de la jeune femme comprit qu'on l'avait drogué et elle résistait de toutes ses forces mentales à l'envie de reprendre le verre pour le terminer d'une traite. "Sergent-Chef Winchester ! Un ordre est un ordre !" hurlait la voix de son ancien chef d'équipe chez les SEAL. Que faisait-il dans sa tête ? Mais bon sang, qu'est-ce que c'était que ce merdier ?! Elle eut à peine le temps de se le demander que déjà son attention fut de nouveau captée par ce verre qui lui faisait de l'oeil et elle avait tout oublié de ses conclusions sur le fait qu'on l'avait drogué. Elle avança une main presque tremblante vers lui mais les conclusions surgirent de nouveau dans son esprit et le chef des SEAL se remit à lui crier dessus. C'était l'Enfer !

Lorsqu'elle vit que les gens se levaient, elle suivit le mouvement sans savoir ce qu'il se passait vraiment. Talim leur avait lancé l'heure de la sieste apparemment. Quand un autochtone passa près de Jane pour lui remettre une gourde qu'elle devina pleine de la fameuse boisson, son coeur battit fort et la seule chose à laquelle elle put penser pendant la minute qui suivie fut "Elle ne sera jamais assez grande pour étancher ma soif !". En fait, ce n'était même pas vraiment de la soif. Comment qualifier ce besoin tout nouveau ?
En refermant ses doigts autour du récipient offert, la première voix inconnue refit son apparition. Elle lui chuchotait de vénérer ces dieux. Quels dieux ? Ceux qui lui faisaient don de ce breuvage. Pourquoi ? Parce que.
Jane avait l'habitude des "Parce que". En tant que militaire, elle avait l'habitude de se plier aux ordres sans demander d'explications à ceux-ci au préalable. C'était un gentil petit GI. Or elle savait que la voix qui lui donnait tous ces ordres, même d'une voix mielleuse, n'était pas un de ses supérieurs de l'armée. Le tempérament rebelle de la demoiselle - hors boulot - lui commandait donc de l'envoyer bouler une bonne fois pour toutes. C'était bien beau de le dire... encore fallait-il en être capable.

Dans un élan de lucidité, Jane fit le tour de la table pour rejoindre Jacques Willsdorff. Arrivée à sa hauteur, elle s'écria :

_ Capi...

Ses prunelles noires pleines de détresse étaient plantées dans celles de son chef mais ses mots moururent dans sa gorge. Et lentement, très lentement, son regard se détacha de l'homme pour glisser sur la table à coté où se trouvait encore visible de la boisson. Sa main libre se mit à trembler et, comme si quelqu'un d'autre possédait son corps, Jane la vit se tendre vers le verre plein de ce mystérieux poison.
Vue de l'extérieur, Jane souriait. Comme d'habitude me direz-vous ? Non, pas tout à fait. Ce sourire là n'avait rien du sourire brillant et sincère dont elle s'affublait d'ordinaire pour illuminer un peu la vie de ses compagnons. On aurait dit que quelqu'un étirait ses lèvres pour lui donner un semblant de sourire. A l'intérieur, c'était la tempête...
Elle avait totalement oublié qu'elle était venue prévenir Jacques. Elle avait oublié Iris juste à coté et Svetlana de l'autre coté de la table. Il n'y avait plus que ce verre et elle, elle et la petite voix dans sa tête qui lui ordonnait de boire.

Iris n’avait pas aimé, mais alors pas aimé du tout la façon dont « Willy » lui avait piqué son verre de jus de fruit. Après tout elle était (presque) majeure, vaccinée contre tout ce qu’elle connaissait, elle avait bien le droit de boire un verre ou deux de jus de fruit ! ou trois … ou quatre … a bien y réfléchir, elle avait perdu le compte. Mais ce qu’elle savait, c’était qu’on lui avait piqué son verre, ce qui était intolérable. Et puis elle avait soif. Une soif étrange d’ailleurs si on y pensait bien, parce qu’elle ne s’étanchait jamais. Iris savait ce qu’était l’addiction légère, elle l’était au chocolat. Mais même l’objet de son addiction finissait par la rendre malade a un moment ou un autre et elle en avait assez (meme si tant qu’elle en avait, elle en mangeait) et elle se rendait compte qu’elle devait s’arreter. La, bizarrement, elle avait perdu le compte des verres avalés et ne se sentait aucunement rassasiée dans son envie de continuer à les descendre, les verres.

C’est pourquoi, même si sa raison lui disait que c’était bizarre tout ça, elle dirigea vers le français une moue boudeuse.

- M éheuuuuu mon verre ! Je ne l’ai même pas fini !

Et en plus il n’y avait meme pas de grenadine dans l’eau !!! namého !! Toujours d’un air boudeur, La jeune fille tourna dédaigneusement la tête pour voir arriver Le sergent Winxhester qui avait visiblement quelque chose à dire, mais avait oublié en chemin Elle fixait le verre d’un air subjugué, et ça c’était inquiétant. Iris fronça les sourcils en la regardant.

- Dans la mythologie, on disait que toute personne qui goutait le nectar en devenait esclave, sauf les dieux . Eux, ils buvaient ça par gout. Alors après tout pourquoi pas ? Vos dieux vous auraient offert le nectar et l’ambroisie, sympa comme cadeau !!!

La notion de dieux était quelque chose qu’Iris ne rejetait pas. Culturellement, elle croyait à l’existence des dieux, des déesses, et de leurs bienfaits ou vengeances. La seule chose qu’elle mettait en doute, c’est ce que les hommes en disaient. Aussi des dieux amenant aux hommes ce genre de boisson, additionné à l’effet de la boisson elle-même, faisait qu’elle n’émettait aucune réserve consciente face à ce fait. L’annonce de Talim les engageant à aller se reposer coupa court aux pensées de la jeune fille et à son envie de récupérer son verre en tirant la langue à WIllsdorff. Tentation d’autant plus facilement réprimée qu’on venait de lui en offrir une outre complète qui devrait facilement, vu la façon dont elle avait bu ses verres, durer une bonne heure. Elle ne résista pas longtemps à l’envie de re-gouter quelques gouttes (en cachette du chef d’équipe, donc pas beaucoup) avant de refermer la gourde. D’ailleurs elle ne la garda pas longtemps. Le premier geste de Jacques fut en effet, une fois seuls, de se débarrasser de la boisson au grand dam de la jeune fille, même si une petite voix en elle disait « ouf !! »
Mais cette voix n’était pas assez forte pour combattre la sensation de manque quasi immédiat que la vision de la mixture perdue n’avait fait qu’aviver. Iris tapa du pied par terre et allait dire quelque chose quand l’index du militaire se pointa vers elle. Elle reprit alors sa mine boudeuse et tapa de nouveau du pied dans un geste de caprice avant de lui tourner ostensiblement le dos en croisant les bras. Ce qui n’empechait. Il en restait. Et elle la voulait , cette fiole !!!

Iris se retourna vers le français en lui lançant un regard mi étonné mi inquiet. Les pensées qu’elle avait ne lui étaient pas habituelles et ça, elle s’en rendait compte par vague.

- Cachez la bien cette fiole parce que j’ai une envie folle …. De vous la piquer.

Ce qui l’étonnait. Elle n’avait jamais été voleuse ou kleptomane, mais l’idée de cette fiole contenant le fameux liquide faisait passer ses principes moraux aux oubliettes. Et ça, ce n’était pas normal.

Jane suivit docilement la petite troupe jusqu'à leur chambre d'hôtel. Quand Jacques lui arracha son outre pour vider le contenu ailleurs quand dans sa gorge, elle écarquilla les yeux, complètement outrée.

_ Mais... !

Tout comme Iris, et probablement Svetlana, la néo-zélandaise ne manqua pas de remarquer que le Capitaine en conserva un peu dans une fiole qu'il garda sur lui. C'est alors que germa dans son esprit l'idée un peu démente de lui sauter dessus pour lui voler. Dans un éclair de lucidité, Jane fronça les sourcils. Sauter sur le chef ? Oui bien sûr. Plutôt se tirer une balle dans le pied.

- Cachez la bien cette fiole parce que j’ai une envie folle …. De vous la piquer, dit la petite edorke qui ressentait la même chose qu'elle.

La SEAL éclata brièvement de rire et ébouriffa les cheveux d'encre d'Iris en lui disant :

_ Tu es drôle toi !

Oulà...
Elle alla s'affaler sur un lit. Elle resta presque deux minutes sans bouger ni parler, à fixer sagement le plafond les bras écartés de chaque coté de son corps, son M4 posé sur sa poitrine. Pendant ce temps, un messager vint murmurer quelques inepties à leur fenêtre. Jane n'écouta pas, pour changer un peu.
Finalement, elle se redressa, animée d'une énergie mystérieuse, se remit debout et se dirigea vers la porte de la chambre l'air de rien. Elle l'ouvrit et commença à s'engager dans le couloir en lançant à ses compagnons :

_ Ne bougez pas, je vais chercher à boire.

Si on ne l'arrêtait pas, elle allait descendre en cuisine et vider une marmite de la mystérieuse boisson. La voix inconnue qui lui murmurait de vénérer les dieux commençaient tout doucement à s'estomper et elle avait encore des questions à lui poser.